Une surprise ? Mais laquelle ?

Ginny sortit de sa salle commune, le sourire aux lèvres. Elle allait passer un bon après-midi au bureau de Dumbledore. Comment se faisait-il qu’elle ait reçue cette invitation ? Et bien, il y a quelques instants, elle avait envoyé un elfe offrir son cadeau au directeur. C’était une boîte de sorbet au citron moldu. Au début, elle s’était demandée s’il avait apprécié son offrande mais elle eut un peu plus tard, la réponse à sa question et apparemment, le grand sorcier de tous les temps avait beaucoup aimé. Il l’avait même invité à venir à son bureau aujourd’hui. Elle n’y était jamais allée et elle se réjouissait de découvrir une nouvelle pièce du château. Le problème c’est qu’il fallait un mot de passe pour y accéder et le professeur avait oublié de le lui dire dans sa lettre. Ginny dut alors s’adresser à un enseignant assez pressé de corriger les copies. Il lui récite trois mots à la va vite et elle ne comprit que l’expression ‘..de Cafards’. Cela ne l’aidait pas énormément mais elle finirait bien par trouver le premier mot. Arrivée au rez de chaussée, elle s’empressa de rejoindre la grande gargouille qui menait à sa destination. Elle était effrayante et semblait fusiller la jeune fille du regard. Celle-ci prononça alors :

" - Tête de cafard ! "

Mais rien ne se produisit. Elle inspira profondément et tenta une seconde fois.

" - Patte de cafard ! "

Toujours rien.

" - Famille de cafard ! "

Et ce fut sans succès. Alors, elle se souvint que Dumbledore aimait beaucoup les sorbets.

" - Sorbet de cafard ! "

Hélas, ce n’était pas cela. Elle entendit un ricanement derrière elle : un élève se moquait de ses échecs de mots de passe. Il avait l’air d’être en cinquième année et à Poufsouffle. Il lui dit :

- Récite nous l’anatomie du cafard, tant que t’y es, haha ! Ou encore, parle d’un nid de cafard ! haha !!

Rapidement, il repartit vers un autre couloir en riant toujours. Cependant, la gargouille semblait avoir produit un bruit. Ginny se tourna vers elle et sut que le bon mot de passe avait été prononcé par ce garçon. La gargouille bougea pour laisser la gamine monter les escaliers. Ces escaliers en colimaçon n’était pas très grands donc cela ne causait aucun mal aux jambes de la rouquine. Une fois arrivée derrière la porte, elle sentit son cœur battre un peu plus fort. Le directeur était-il à l’intérieur du bureau ? Le mieux était de frapper à la porte et attendre. C’est ce qu’elle fit…

Ginny entendit une voix familière lui permettre d’entrer dans ce bureau. C’était celle du professeur Dumbledore, sans aucun doute. D’un coup, elle se sentit plus à l’aise quand elle perçut cette voix. Elle était si rassurante, bienveillante. La petite posa la main sur la poignée et ouvrit la porte. A l’intérieur, le décor était très joli. Il y avait deux grandes bibliothèques avec le Choixpeau magique sur l’une d’entre elle. Il devait être bien en hauteur car il pouvait apercevoir toutes les personnes qui arrivaient et sortaient de cette pièce. C’était lui qui répartissait les nouveaux élèves dans les quatre maisons. Ginny se souvenait de son premier jour comme si c’était hier ; elle avait eu un peu peur quand le professeur McGonagall lui avait posé ce chapeau sur la tête. Un chapeau qui parle, en plus ! Mais aujourd’hui, il ne bougeait pas. Peut être était-il endormi ? La rouquine ne put s’empêcher de sourire quand elle aperçut le directeur. Il devait être très confortable dans son beau fauteuil moelleux. Dans les étagères d’à côté, il y avait toutes sortes d’objets que la petite ne connaissait pas. D’ailleurs, elle se demanda comment il pouvait tous les utiliser. Certains devaient certainement servir à orner la salle. Le vieil homme se leva de son siège, la salua avant de lui demander si elle avait passé une bonne journée, puis de l’inviter à s’asseoir sur l’une des chaises d’en face. Elle hésita dans sa réponse : elle avait un peu peur de raconter sa vie ou bien de paraître trop timide.

" - Euh…Oui, excellente monsieur ! "

Elle lui sourit puis prit place sur l’une des chaises. Cette dernière était très confortable et la Weasley eut envie d’avoir la même chose dans sa chambre. Cela devait être très bien pour se détendre, le soir, après avoir étudié durant des heures. Dumbledore allait commencer une phrase lorsqu’il s’interrompit pour se lever. Il prit une boite que Ginny reconnut après l’avoir bien observé. Son sourire s’agrandit. Le directeur revint à son bureau et reprit ce qu’il allait dire. Puis, la rouquine lui répondit :

" - Ce n’était rien, professeur. J’aime beaucoup offrir des choses à mes amis, surtout quelques jours avant les examens… et également à des enseignants que j’apprécie. Cela me fait plaisir de les voir contents. "

Ginny fut plutôt contente des compliments du directeur. Elle ressemblait à son père d’après lui. Enfin, elle ressemblait un peu à tout le monde puisqu’elle pouvait être aussi gentil que son paternel et aussi colérique que sa mère ou encore aussi facétieuse que ses frères jumeaux. Cela variait selon les jours et selon la situation. La rouquine constata que Dumbledore la vouvoyait un coup et la tutoyait un autre coup. S’en était-il rendu compte ? Peut être pas mais elle ne lui en voulait pas. Au contraire, cela l’amusa un peu. Le vieil homme s’excusa du rangement non terminé de son bureau. Pourtant, la petite ne le trouvait pas si mal rangé que cela. Bon d’accord, quelques objets traînaient un peu partout mais cela enjolivait. Elle observait ce qui l’entourait afin de mieux s’habituer à l’atmosphère. Au début, elle n’avait pas été très à l’aise mais cela allait de mieux en mieux petit à petit. Dumbledore caressait un coffret marron devant lui avant de l’ouvrir. Que contenait-il ?

La troisième année baissa les yeux vers la chose qui était enfermé à l’intérieur. Il s’agissait d’une petite bouteille que tenait le professeur, rempli d’un liquide translucide. Il la leva vers la lumière et on put bien voir à travers. Il s’agissait certainement d’une petite potion particulière car presque tous les objets de cette pièce n’étaient pas fréquents dans les magasins. Alors que Ginevra se posait des questions, elle obtint les réponses de la part du dirigeant de Poudlard. C’était une potion qui dont les effets étaient de rendre la personne qui l’a boit, invisible. Néanmoins, il ne pouvait la donner à aucun élève car ce ne serait pas convenable. Alors qu’il poursuivait ses paroles, la Weasley contemplait la fiole. C’était exactement le genre de choses que Fred et George tenteraient de créer pour réaliser leurs méfaits sans se faire avoir. Elle comprenait à présent ce que voulait dire le directeur en parlant des élèves peu scrupuleux. Le vieil homme marqua une pause avant de continuer puis de se diriger vers son magnifique phénix. Il s’appelait Fumeseck et semblait complice avec son maître. C’était lui qui avait aidé Harry à combattre le basilic…et c’était grâce à lui qu’elle avait été sauvée du journal de Jedusor. Cela lui fit drôle d’y penser mais elle avait une certaine dette envers cette noble et courageuse bête.

Alors que Dumbledore s’apprêtait à donner de la nourriture à son animal, Ginny baissa le regard vers la petite potion d’invisibilité. Elle l’observa de plus près tout en pensant à tout et n’importe quoi. Pourquoi quelque chose lui disait qu’elle pouvait la saisir ? Le directeur ne lui avait pas donné l’autorisation…du moins, c’est ce qu’on pourrait croire. Il lui avait tout dit de façon implicite puisqu’il ne pouvait pas la lui donner directement. S’il détournait le regard, d’après ses dires, il oublierait…la petite potion ? Donc, cela signifiait qu’elle pouvait la prendre ? Il n’y aurait aucun mal à accomplir cet acte vu qu’elle s’était toujours servie des objets ou des sortilèges pour de bonnes causes. La jeune fille hésita durant quelques secondes avant de se lancer, la main légèrement tremblante. Elle frola le verre froid de la fiole, l’enferma dans sa main. Elle observa le liquide translucide avant de le quitter du regard afin de la mettre dans la poche de son jean. Son teint prit une légère couleur rose puis elle jeta de nouveau un coup d’œil à Fumseck. Le silence était présent et cela rendait la petite un peu mal à l’aise. Elle posa donc la première question qui lui vint à l’esprit.

" - Ce…cela fait longtemps que vous possédez ce phénix ? "

Dumbledore répondit à sa question ; il possédait cette merveilleuse créature depuis 1945. Il était donc si âgé que cela ? Enfin, les phénix étaient immortels mais bon. Ils étaient vraiment rares puisqu’on ne les trouvait pas dans le commerce. Ce qu’on trouvait étaient essentiellement des crapauds, lapins, rats, hiboux et autres volatiles communs. Ginny n’avait jamais vraiment eu son animal propre ; juste un simple hibou qui lui apportait et envoyait le courrier. Quoi de plus banal toutefois, elle se promit de se payer un chat lorsqu’elle en aurait les moyens. Durant un petit moment, le calme revient dans la pièce et la petite ne savait pas quoi faire ; parler et risquer de déranger le directeur ou rester calme ? Elle avait opté pour la deuxième proposition. La Weasley était toujours un peu timide en présence des adultes, un peu comme les autres enfants de son âge. Lorsqu’elle entendit un petit couinement de la part de Fumseck, l’attention de la rouquine fut tournée vers cet animal de feu qui caressait son maître avec ses plumes. Le vieil homme sortit un mouchoir qu’il plaça sur son front, sûrement pour s’éponger le front. Il est vrai qu’il faisait chaud dans cette salle, maintenant qu’elle y pensait. Puis, Dumbledore reprit la parole en affirmant que son phénix lui avait sauvé la vie. Ginny afficha un petit sourire : cette créature était si courageuse que cela ne l’étonnait pas vraiment. Il se retourna ensuite et la troisième année sentit son cœur accélérer la cadence. Elle craignait qu’il ne s’aperçoive qu’elle s’était emparée de la fiole. Mais à son plus grand soulagement, il se contenta de la refermer comme si de rien n’était. Peu après, le professeur lui dit qu’il devait mettre un peu d’ordre. La fillette croyait bien qu’il s’agissait de son bureau alors elle sut qu’elle devait le laisser tranquille. L’élève se leva de sa chaise, la rangea en évitant de provoquer du bruit et se dirigea vers la porte d’entrée.

- Au revoir, monsieur.

Elle quitta le directeur des yeux et descendit l’escalier qui menait vers la sortie.

Je croisa mes doigts entre eux, puis je la regarda se lever, ranger sa chaise avec délicatesse et s'éloigner de mon bureau.
- Au revoir ma petite Ginnerva lui répondis-je avec tendresse.
Elle ne semblait pas s'être douté de mon soudain mal être. C'était mieux comme ça. Je me devais de ne pas laisser mes soucis transparaitre, et risquer d'inquiéter mes élèves.

La porte se referma derrière elle, et je l'entendis descendre l'escalier en colimaçon.

L'air serein que je m'étais efforcé de garder jusque là, s'effaça aussitôt, laissant place à une précipitation soudaine. J'ouvris un tiroir et en sortis un parchemin vierge. Puis je pris ma plume, et la trempa dans le petit encrier de cristal, qu'une encre vert émeraude remplissait. J'écrivis quelques mots, et signa au bas du parchemin.

Je me leva brusquement, en repoussant mon fauteuil en arrière et m'approcha d'un pas rapide vers l'oiseau rouge qui picorait insoucieusement dans sa cage. Je lui caressa les plumes de la têtes affectueusement. Il paraissait anxieux d'un coup, il frotta sa petite tête contre mes doigts. Il semblait avoir compris. Il avait l'habitude de porter des messages à Severus, je n'avais plus besoin de lui donner de destinataire. Il emprisonna mon petit mot dans son bec et pris son envol pour disparaitre par la fenêtre.

Je resta debout, seul dans mon bureau, devant la cage vide de Fumseck, à regarder la fenêtre par laquelle avait disparu mon phénix.